mardi 3 février 2009

Quel rapport entre Sweeney Todd et la mère Michel ?


Ce soir, je ne vais pas vous donner une recette mais vous raconter une histoire... Rumeur, légende urbaine, comptine pour enfants, film sanguinolant ? tout ça en même temps, un joli Minestrone !

Depuis quelques semaines, je suis sur le livre Histoire des peurs alimentaires de Madeleine Ferrières. Un ouvrage assez costaud, très bien documenté qui raconte l'origine et l'expression  de peurs alimentaires du Moyen-âge au début du XXème. 
Les peurs alimentaires d'aujourd'hui pourraient être les OGMs...ce cher amidon modifié qu'il faut traquer dans chaque étiquette, regardez, vous en trouverez ! ou encore cette rumeur de viande de rat dans les steaks des hamburgers du Mac Do. Tiens, nous nous rapprochons de mon histoire...

Sweeney Todd et la mère Michel ? non non, Sweeney n'égorgeait pas de chats, ni la mère Michel n'avait de barbe...voilà l'histoire
Au XVIème siècle, on consomme de plus en plus de denrées transformées, ou plats préparés par un tiers, et la méfiance grandit vis à vis des aubergistes, brasseurs et pâtissiers. La campagne garde confiance par rapport à la nourriture car le jardin potager est tout proche. On sait ce que l'on mange, on connaît la "traçabilité" de l'aliment. En ville, des rumeurs d'empoisonnement, de viande avariée, d'alcool frolaté se répandent, certaines deviennent des légendes urbaines.
En ville se développe un nouveau commerce, celui du "pâté", notre tourte d'aujourd'hui. Ces pâtés de viande sont préparés par celui qu'on appelle alors pâtissier ( spécialiste de la pâte ). On trouve de nombreuses échoppes ou ventes ambulantes dans la ville. Le pâte est consommé par les pauvres, les ouvriers, les enfants. Il est aussi à la table des bourgeois et gens de pouvoir ( au  faisan et truffes à la table du roi Frederic à Berlin ).

Cependant, le pâté attire la méfiance des consommateurs, car la viande y est hachée, cachée, comme déguisée par la pâte. On rajoute à la viande un peu d'épices, de la menthe, des échalotes qui arrangent le goût et brouillent les répères gustatifs. Certains ont peur de manger de la chair humaine et que le pâtissier soit un tueur en série ( tiens, Tim burton aurait-il lu le même livre que moi ? ). D'autres craignent manger de la viande de chat ( miam miaou ). Cette dernière rumeur est exprimée de différentes manières, par la rédaction de lois ou par des chansons populaires, telle que la comptine de la mère Michel qui a perdu... son chat ! 
Dans la chanson, on peut entendre le père Lustucru lui répondre " pour un lapin votre chat est vendu". Justement à cette époque, on mange beaucoup de lapins et il doit être vendu avec la tête pour prouver que ce n'est pas du chat ( imaginez un chat depecé, vous comprendrez... ). d'où cette jolie comptine que nous avons tous chantés enfants, sans savoir que la chat était en fait dans la tourte du pâtissier du coin.
Face à ces rumeurs et véritables intoxications alimentaires, on rédige des lois pour que le pâtissier atteste de la bonne qualité de sa viande. Il doit acheter sa viande au boucher, la préparer là où il la cuit en pâté, que ce soit fait d'une manière publique et non au fond d'une sombre gargote. On met de l'ordre pour éviter des inoxications et maladies chez une population qui, quand elle n'est pas affamée, mange un peu tout et n'importe quoi dans une fausse abondance.

Pour conclure, la Mère michel a mangé son chat dans une tourte, celle-ci préparée par la patissière du coin qui fricotte avec un beau barbier qui ne s'appelait par Sweeney Todd mais Père Lustucru. et là, Hollywood a rajouté une touche de glam'.

à bientôt :)


le film_extrait: Worst pies in London



et voici la jolie chanson...

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